La mort fœtale in utero aussi appelé « enfant mort né » : qu'est-ce que c'est ?

Dans l'actualité, il arrive parfois que la mort in utero fasse la une. Dysfonctionnement de l'hôpital, du bébé, de la mère : pas facile d'en connaître les causes. On fait le point sur cet évènement grave avec Hélène Martinot, psychologue.

Mort in utero : qu'est-ce que c'est ?

La mort fœtale in utero aussi appelé « enfant mort né » n'est pas si rare que l'on pourrait le croire. En France, elle touche 1% des naissances chaque année. En général la mort in utero survient tardivement pendant la grossesse. On considère un enfant mort né à partir de 180 jours de grossesse, c'est-à-dire 6 mois, avant ce stade, on parle de fausse couche. On peut aussi différencier la mort per partum et ante partum. La première est nommée ainsi lorsque le décès survient pendant l'une des phases de l'accouchement. Pour la mort ante partum, le décès est constaté avant même le début du travail, c'est celle-ci qu'on nomme plus communément « mort in utero ». Ce type de disparition est souvent très mal vécu par les couples et peut poser problème, notamment lors de la grossesse suivante, puisqu'il existe des risques de récidives.

Les signes de la mort in utero


Un signe est révélateur de la mort in utero : l'absence de mouvement du bébé. Il arrive que la future maman, enceinte, ne ressente plus son enfant pendant plusieurs heures. Chez certaines femmes, on peut aussi observer une montée de lait lorsque survient la mort du bébé.

Comment constater la mort in utero ?

Si la maman a des doutes et ne sent plus son bébé pendant plusieurs heures, il est possible d'avoir recours à une échographie et à une auscultation ultrasonique. Le but ? Entendre et voir les battements du cœur et les mouvements de l'enfant. En cas d'absence de ces derniers, les médecins ont recours à un monitoring obstétrical. Lorsque la mort in utero est constatée, vient le moment de la sortie du bébé (par accouchement naturel ou césarienne). En général, le corps médical préconise une autopsie pour rechercher la cause de la mort de l'enfant et pour prévenir la récidive en cas de nouvelle grossesse.

Les causes d'une mort in utero

Lorsque survient la terrible épreuve de la mort in utero, il faut savoir que pour 36% des couples, aucunes causes n'expliquent le décès du bébé. Un manque d'explications souvent très difficile à vivre pour les familles. Pour les autres, 2/3 des origines sont maternelles et 1/3 fœtales.

Lorsqu'on parle de causes maternelles, on sous-entend que le corps, le métabolisme et l'environnement de la maman entrent en jeu dans le processus de mort in utero. Raison la plus fréquente : l'hypertension artérielle, qui chaque année est responsable de 56% des morts ante partum. Ensuite, les explications sont plus diverses : 36% par tentative de suicide, 7% en cas de traumatismes (accident, choc violent, chute), 3% à cause du diabète. Le lupus érythémateux et les maladies de la vésicule biliaires sont aussi des raisons, mais plus rares.

1/3 des morts in utero sont causées par le foetus lui-même. Dans ce cas, c'est une autopsie qui révèlera les raisons du décès du bébé. Lors de cet examen, on effectue un bilan général de l'enfant. Cytomégalovirus, herpès, toxoplasmose, rubéole, syphilis et mycoplasme : tout est analysé. Chez 13% des bébés, on remarque un bilan immunitaire positif, c'est-à-dire la présence d'un des troubles que nous venons d'énoncer. Dans d'autres cas, on apprend que l'enfant avait un lupus (maladie auto-immune) ou un syndrome des antishospholides (maladie rare). Chez 5% des bébés, une transfusion sanguine est en cause. Tout comme la prise de médicaments lors de la grossesse (de type aspirine et codéine). Ont déjà été incriminés : les traitements pour la stérilité, mais la véracité de cette accusation n'a jamais été prouvée.

Les problèmes les plus récurrents viennent de l'environnement foetal lui-même. Placenta mal placé, placenta praevia (situé près de l'utérus), anomalie du cordon, étouffement avec le cordon : tous ces troubles peuvent subvenir sans que l'enfant, ni la mère, ne soient responsables.

Mort in utero : et après ?

Lorsque la mort ante partum survient, la mère doit être surveillée en continu et faire de nombreux bilans. L'objectif est de trouver la cause pour éviter une chose : la récidive. Lors d'une prochaine grossesse, il est primordial que la raison soit connue pour y remédier rapidement et empêcher aux parents une autre perte. Si une nouvelle grossesse arrive après la perte d'un enfant in utéro, il sera nécessaire de connaitre le stade auquel l'enfant est décédé pour surveiller ce créneau lors de la nouvelle grossesse. Autre nécessité : une surveillance accrue de la mère, des bilans de santé et échographies régulières, ainsi qu'une mesure du liquide amniotique au cours de la grossesse.

Le suivi psychologique après une mort in utero

Le choc est souvent très important pour les parents après l'annonce de la mort de leur bébé. C'est là que le côté psychologique entre en compte. Le suivi est primordial et quasiment obligatoire. Dès les premières minutes, il est proposé aux familles de rencontrer un professionnel pour les accompagner dans leur deuil. Hélène Martinot, psychologue, nous explique : « Dès le départ, la maman est prise en main par un psychologue travaillant dans une maternité ou une unité-mère enfant ». Sa solution pour un suivi thérapeutique complet : « des groupes de parole avec des femmes ayant vécu la même chose sont conseillés. Mais, il est nécessaire d'être toujours supervisé par un professionnel pour avancer dans le bon sens et ne pas s'enfermer dans le drame qu'elles ont toutes vécu ». Pour certaines mères, partager avec les autres est difficile, alors Hélène Martinot préconise « un suivi thérapeutique en individuel pour permettre à la maman de se reconstruire peu à peu et envisager la vie sans cet enfant. ».

La psychothérapie est donc à envisager pour palier aux symptômes liés à la perte. En effet, après l'annonce de la mort et le choc, les symptômes chez les mamans sont nombreux. Notre psychologue nous explique : « les femmes ressentent souvent une culpabilité de ne pas avoir réussi à mener cette grossesse à terme, de l'anxiété de revivre ce moment lors d'une prochaine grossesse ou encore, une dépression plus lourde provoquée par le vide laissé par le foetus ». Surtout que les étapes du deuil sont aussi applicables à la mort d'un fœtus in utero. Le bébé fait déjà partie intégrante de la vie des parents avant la naissance, alors le deuil est tout aussi difficile à vivre. Cependant, il y a souvent un grand oublié de la littérature sur la mort in utero : le papa. Même s'il ne portait pas l'enfant, la perte est souvent tout aussi difficile à vivre pour le père que pour la mère. Pour Hélène Martinot : « il est nécessaire que le travail de deuil se fasse ensemble, pour que le papa aussi, surmonte cette épreuve ».

La question d'une nouvelle grossesse est souvent difficile à aborder avec des parents ayant vécu le drame d'un bébé mort in utero. Quand retenter ? Comment être sur de ne pas « rater » ce bébé ? Comment réussir à ne plus penser à l'enfant décédé ? Sur cette question, la psychologue est catégorique : « pour ma part, il n'est pas sain d'avoir un autre enfant, lorsque le deuil n'est pas fait ; même s'il ne le sera jamais réellement. Mais, la prise de conscience de la mort de ce bébé doit être totale avant d'envisager une autre grossesse ». Alors, combien de temps après ? La réponse dépend de chaque parent et de la façon dont le couple vit la perte de leur enfant, mais pour Hélène Martinot : « il n'existe pas de durée type avant de refaire un bébé, c'est surtout par rapport au vécu du deuil et à l'appréhension de la nouvelle grossesse que ça doit se décider ».